lundi 29 octobre 2012

Halloween, une fête d'enfer?


Huffington Post a révélé ce matin que l'archidiocèse de Varsovie vient de publier sur son site un réquisitoire très violent contre Halloween, à deux jours de cette fête:

"Si Halloween est en perte de vitesse en France, parmi les jeunes polonais, la soirée du 1er novembre est de plus en plus populaire. Et pour l'Eglise de Pologne, il s'agit "d'un fruit de la propagation de l'occultisme et de la magie".

Cette tradition "a ses racines dans l'adoration païenne des esprits et d'un dieu celtique de la mort. Anton Lavey, le fondateur du satanisme moderne, affirmait que la nuit du 31 octobre au 1er novembre était la plus grande fête luciférienne, donnant lieu à de nombreux actes occultistes de violence. L'Eglise condamne ouvertement de telles pratiques", lit-on dans le message.

"Sous prétexte de s'amuser, on invite des enfants, des jeunes et des adultes à pratiquer l'occultisme, ce qui est en contradiction avec l'enseignement de l'Eglise et la vocation d'un chrétien", a insisté l'archidiocèse de Varsovie sur son site internet."
Si je comprends qu'on puisse être agacé par les aspects mercantiles d'Halloween, ou ne pas goûter son ambiance morbide, ou encore s'attrister de ce qu'elle puisse faire de l'ombre à la Toussaint, de même que l'aspect commercial de la fête de Noël occulte trop souvent sa signification religieuse, j'avoue être assez sidéré par cette mise en garde de l'Eglise catholique de Pologne.

En premier lieu, j'ai un peu de mal à voir en quoi Halloween serait "un fruit de la propagation de l'occultisme et de la magie".  Les déguisements inspirés de l'imaginaire fantastique, la pratique du "trick or treat", le visionnage de films d'horreur pour marquer cette soirée, tout cela renvoie en effet au fantastique, au mystérieux, au ténébreux, mais sans doute moins dans une perspective magique ou païenne que dans une forme de tribut à l'imaginaire et aux contes qui nous ont tous bercés enfants. S'il est vrai que cette fête est davantage liée à la culture anglo-saxonne, et a du mal à percer dans la plupart des pays européens, il apparait évident que la plupart des personnes qui la célèbrent ne prennent pas au sérieux les références souvent très superficielles à l'occulte et à la magie qu'on peut y déceler, et cherchent simplement l'espace d'une soirée à réenchanter le monde, à faire semblant de croire aux contes de fées, à la méchante sorcière, au loup dans la forêt, etc.

"La tendance Halloween est un ré-enchantement du monde et un territoire de fiction idéal. Harry Potter, la Princesse Grenouille et Bella de Twilight ont un point commun : la magie est entrée dans leur vie, et si ce n’est pas toujours pour le meilleur, leur vie en est rendue bien plus trépidante et aussi riche de sens." ("Harry Potter, es-tu là ? L'imaginaire halloweenesque promeut les alcools", Tribulations)
Alors certes, on trouve toujours certaines personnes pour estimer que "Halloween est une fête nocive pour l'imaginaire des enfants":

"Je ne dis pas qu'elle est nocive, je dis qu'elle comporte des éléments de nocivité dissimulés. Cette fête a des conséquences sur l'imaginaire des enfants. Premièrement, elle donne l'idée que l'univers est régi par des forces occultes contre lesquelles l'enfant ne peut rien, et que tout est décidé par avance. Dans cet univers où règne la fatalité, l'homme n'est qu'un jouet ballotté par des entités tutélaires magiques. Il est difficile de faire comprendre aux enfants qu'ils sont libres, libres d'agir et de prendre en main leur vie. 

Ensuite, Halloween dénature l'apprentissage indispensable de la mort. Elle lui enlève son caractère tragique, lui confère un anonymat et en fait un objet d'amusement. Halloween invite à prendre la mort au second degré. Or, les enfants ont un travail imaginaire important à faire pour juguler leurs angoisses existentielles. Mais plus on est dans l'anonymat et dans le second degré, plus on prolonge ce que l'historien Philippe Ariès appelle la «mort interdite». Par ailleurs, n'oublions pas que Halloween véhicule des éléments religieux liés au culte de Samhain pratiqué par les Celtes et donc aux anciennes religions primitives. Dès lors, même si on en parle au deuxième degré et qu'on affirme ne pas y croire, la puissance spirituelle de la magie reste active.[...]

Il n'est pas question de remettre en cause la nature de l'imaginaire des enfants, qui a toujours été peuplé de monstres et de fées, mais de protéger la qualité de cet imaginaire. Aujourd'hui, la frontière entre l'imaginaire et le réel est floue. Halloween flatte le sentiment de toute-puissance de l'enfant au lieu de le canaliser. Il lui laisse croire qu'il peut jeter un sort à l'adulte qui lui refuse des bonbons. Nous ne sommes plus ici dans la logique du don, mais dans celle du chantage. Nous savons, avec Bruno Bettelheim, que l'imaginaire est nécessaire aux enfants pour canaliser leurs angoisses. Je m'interroge sur la capacité qu'a l'enfant, flatté par Halloween, de bien faire la part des choses. Ne sommes-nous pas en train de gommer, de plus en plus, cette frontière indispensable entre l'imaginaire et le réel? Ce flottement des frontières, Freud le nommait «l'inquiétante étrangeté»." (interview de Damien Le Guay dans le Temps, reprise sur le site Regards)
Mais précisément, Halloween est avant tout une fête, c'est-à-dire un moment qui n'est pas pleinement intégré à l'ordre social, mais à pour fonction d'en libérer, de le dissoudre, de le suspendre provisoirement, avant l'inévitable retour au réel:

"La fête est ce moment privilégié, toujours attendu avec impatience, qui se trouve moins à l'intérieur du temps social qu'à ses marges. Soustraite au temps de la production, elle aura lieu la nuit ou bien à ces dates du calendrier qui, marquant la jonction de deux périodes bien déterminées, n'appartiennent en propre à aucune. Aussi est-elle propice à la mise en relation de ce qu'il faut ordinairement séparer : les classes sociales, les sexes, les âges, voire les vivants et les morts, l'humain et le divin, le social et la nature.

Seulement, il y a finalement là moins confrontation, rencontre, dialogue, que dissolution provisoire. L'individu lui-même, libéré de son rôle social, est davantage sommé de s'étourdir et de se fondre dans l'indivis que de s'exprimer. Au verbe se substitue la frénésie, la jouissance, le vertige.

Oscillant entre le rituel et l'anarchie, la fête n'annonce pas un ordre nouveau, elle n'est pas la révolution. Elle est plutôt une parenthèse à l'intérieur de l'existence sociale et du règne de la nécessité. Elle est aussi ce qui peut conférer une raison d'être à la quotidienneté, d'où la tentation de multiplier les occasions de fêtes, au point, note Jean Duvignaud, que « certaines nations, certaines cultures se sont englouties dans la fête »."
A ce titre, en basculant dans l'irréel, dans le fantastique, Halloween se fait moins le promoteur de l'occultisme ou de la magie que de la fête absolue, totalement déconnectée de la banalité qutotidienne.

Qu'est-ce qui empêche les enfants qui la fêtent de confondre à moyen terme l'imaginaire et le réel? Précisément son caractère de fête, de jour spécial, pas comme les autres. Le fait qu'Halloween a une veille et un lendemain rappelle que la magie n'est "réelle" que le temps d'un soir, et s'évanouit le lendemain, de la même manière que le carosse de Cendrillon redevient citrouille à la fin des douze coups de minuit. Et c'est pourquoi il s'agit finalement d'un fête rassurante, sécurisante, qui rappelle que la réalité quotidienne finit toujours par l'emporter sur les monstres de nos cauchemars d'enfant, que l'ombre sous le lit finit par être celle des couvertures, et les bruits étranges dans l'obscurité des craquements du bois du plancher, une fois la lumière du jour revenue. C'est pourquoi Halloween est une fête qui ne fait pas vraiment peur, n'est pas vraiment menaçante, n'est pas vraiment magique, ne dérange que pour de rire. D'où sans doute son attrait pour les commerciaux.

Alors l'archidiocèse de Varsovie affirme que "sous prétexte de s'amuser, on invite des enfants, des jeunes et des adultes à pratiquer l'occultisme". L'auteur de cette phrase a-t-il des exemples précis, ou bien s'agit-il juste d'une condamnation péremptoire, fondée non pas sur des faits mais sur la conviction, jamais vérifiée, que la culture populaire fantastique est d'inspiration satanique, et d'expliquer à peu de frais la déchristianisation par une sorte de théorie du complot à caractère occultiste, de la même manière que certains s'obstine à voir dans Harry Potter une apologie des pratiques occultistes, à rebours de l'expérience de millers de lecteurs?

Quand à la référence au fondateur de l'Eglise de Satan, Anton LaVey, je la trouve franchement limite.

Qu'est-ce qu'était Samain, effectivement l'ancêtre d'Halloween, suivant la majorité des historiens?

"Chez les celtes l’année était ponctuée de 4 étapes majeures :
Imbolc fêtait le printemps,
Beltane l’été,
Lugnasad l’automne
          et Samain annonçait l’hiver.
L’époque de la Samain annonçait la fin des récoltes, l’arrivée du froid et la fameuse nuit où le Dieu de la Mort permettrait aux morts de vivre le temps de quelques heures aux côtés des vivants.
Samain n’est ni plus ni moins le jour de l’an celte même si celui-ci ne sera jamais vraiment fixe. On le situe entre le 25 octobre et le 20 novembre ce qui correspond au 6ème jour de la lune montante. Cette nuit là, un immense banquet est organisé, et chacun se doit d’être présent sous peine de mort. Des feux sont allumés et des sacrifices de chevaux (Irlande) ou de taureaux (Gaule) sont pratiqués. Si l’on se penche sur la grande épopée des celtes, on constatera que nombre d’événements ont eux lieu un jour ou une nuit de Samain : la guérison de Cûchulainn, la victoire des Tuatha à la bataille de Mag Tured.
La christianisation des peuples celtes signa l’arrêt de mort temporaire de cette fête déclarée païenne en l’an 610 par le Pape Boniface IV. En l’an 835 Grégoire IV créa la Toussaint et Odilon de Cluny fixera en 1048 la date du 1er novembre pour cette fête. La veille de la nuit sainte « all hallow even » ou « all hallow’s eve » selon les versions deviendra plus tard Halloween. La migration de la fête aux USA se fera en même temps que l’exode des irlandais fuyant la grande Famine de 1840. Cependant, les rites changent, et de nos jours, Halloween est devenue une fête commerciale, où les enfants, déguisés, frappent à toutes les portes du voisnage pour quémander des bonbons…
Rites
La Samain était un cérémonial nocturne.
Chaque foyer se devait d’éteindre le feu de la maison, et se plonger dans l’obscurité. Cette acte permettait de prendre conscience de l’état de mort : sans la lumière, la vie est impossible. Cette prise de conscience permettait d’apprivoiser la Mort, et d’entrer en contact avec les Anciens (hommes ayant déjà passé l’Au-Delà), afin de demander conseil, bienveillance et sagesse. Par la suite, les membres du villages se réunissaient dans le noir sur la place du village, place où les druides allumaient alors un nouveau feu. Ce feu sacré, symbolisait un recommencement, le début de la vie, de l’année celtique, et la victoire contre la mort.
Ce n’était que par la suite, que les druides allumaient d’autres feux autour du village, sur les collines, afin de protéger les habitations de toute menace maléfique. Ensuite, chaque villageois prenait quelques braises du feu sacré, et repartaient dans leur foyer pour faire repartir leur feu." ("Samain", Guide touristique sur l'Irlande).
S'il est vrai que Samain était effectivement une fête païenne, et que peut-être la Toussaint a pu être en partie une tentative d'en christianiser la coutume, à la façon dont la date du Noêl coincide avec une date importante du calendrier du culte de Mithra, on voit qu'il n'y a nulle trace de dévotion "luciférienne", ni "d'actes occultistes de violence".  Il semble que cette fête ait eu pour objectif de célébrer la victoire de la vie sur la mort, et non de vouer un culte aux forces de la nuit.

Ce qui me met profondément mal à l'aise dans cette référence à LaVey, c'est que l'auteur de cet article, au lieu d'aller vérifier les origines d'Halloween sur la base de sources académiques, semble avoir pour premier réflexe de brandir les affirmations douteuses d'un homme qui est essentiellement un homme de spectacle, qui a plusieurs fois affirmé, sur la religion dont il est le fondateur et sur sa propre vie, des choses très douteuses et souvent contradictoire, et dont la parole n'est pas celle d'un historien, mais de quelqu'un qui cherche à donner une assise historique et l'apparence d'une filiation traditionnelle à une tradition millénaire à ce qui est essentiellement une religion recomposée fantaisiste, sans que celle-ci soit corroborée par aucun travail universitaire semble-t-il, et au bénéfice d'un culte qui ne semble pas avoir jamais dépassé les quelques centaines d'adhérents simultanément:

"LA LEGENDE: ASL prétendit qu'au zénith de la popularité de l'Eglise de Satan, celle-ci comptait des dizaines de milliers de membres actifs. 
LA REALITE: Diane LaVey (qui fut la gestionnaire de l'Eglise en tant que Grande Prêtresse de 1966 à 1984), Michael L. Aquino (Maître senior de l'Eglise et Editeur de sa lettre de nouvelles Cloven Hoof de 1971 à 1975), et Zeena LaVey (Grande Prêtresse de L'Eglise de 1985 à 1990) ont tous affirmé que les chiffres avancés par ASL étaient grossièrement exagérés. Les adhérents de l'Eglise de Satan n'ont jamais dépassé 300 personnes, dont certains n'étaient pas réellement affiliés, mais seulement des abonnés à la lettre de nouvelles ou des amis d'ASL à qui il envoyait des mailings.
 LES SOURCES: Diane LaVey, Michael A. Aquino, Zeena LaVey." (Anton LaVey : légende et réalité)
" Satan est-il parmi nous ? Cette question d’un autre âge vient de prendre une actualité inattendue en France. La Miviludes (Commission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) évalue dans son dernier rapport annuel (1) le nombre de satanistes en France à 25 000, dont 80 % auraient moins de 21 ans. Une équipe réunie par le sociologue Olivier Bobineau en dénombre pour sa part… une centaine. Et ce collectif se fend même, pour appuyer sa démonstration, de la publication d’un livre éloquemment intitulé Le Satanisme. Quel danger pour la société ?

[...] L’ouvrage de l’équipe coordonnée par O. Bobineau s’ouvre sur la description d’un fait divers, le saccage d’une chapelle bretonne, rapidement attribué à des satanistes. Enquête faite, le crime avait pour coupables trois jeunes hommes prônant « la défense du paganisme celte et du druidisme ». L’anecdote introduit la thèse : les chercheurs soupçonnent la Miviludes de pratiquer l’amalgame à grande échelle. Pour arriver au chiffre de 25 000, elle additionnerait les néopaïens, les amateurs de musique gothic ou metal et les satanistes proprement dits." ("Le Diable: combien de divisions?", Laurent Testot, Sciences Humaines)

Mais l'Eglise de Satan, à la différence des travaux d'historiens sur Halloween et Samain,  fait peur. Et on touche là au point qui m'attriste le plus dans ce communiqué de l'archidiocèse de Varsovie. Celui-ci, ainsi que la plupart des détracteurs chrétiens d'Halloween, ont un point commun avec les enfants qui se déguisent lors d'Halloween: ils jouent à se faire peur. Mais à la différence d'Halloween, il n' s'agit pas d'une peur  pour rire, en carton-pate, appelée à être dissipée par les premiers rayons du soleil comme un mirage. Il s'agit d'une peur sérieuse, qui mène beaucoup de chrétiens à une sourde angoisse: celle d'être cernés par des forces mystérieuses et obscurs qui mènent contre l'Eglise une guerre culturelle silencieuse, qu'elles sont en train de gagner.

Alors je sais bien que l'Eglise affirme l'existence personnelle du Diable, que des personnes ont eu leur santé mentale et leur vie réellement détruites par la pratique de l'occultisme... Peut-être y a-t-il un volet "sérieux" des cultes satanistes, derrière leur philosophie de comptoir et leur charlatanisme évident. Mais je regrette qu'à l'image de ce communiqué de l'Eglise de Pologne, les chrétiens, au lieu d'affronter ces questions à bras le corps, sur la base de recherches historiques et sociologiques sérieuses, se contentent trop souvent d'agiter des fantasmes et des rumeurs mal documentés, de manière souvent gratuite et anxiogène.

Avec cet étrange paradoxe qu'au lieu finalement d'annoncer la victoire inéluctable du Bien sur le Mal, de la Vie sur la Mort, qui est au coeur des évangiles, certains en viennent à mettre l'accent sur la progression sourde, invisible et irrésistible du mal, là où même Halloween rappelle que les ténèbres sont rapidement dissipées par le feu et la lumière, et dans son nom même, que la fête des ténèbres cède la place dès son lendemain à celle de tous les Saints...

18 commentaires:

  1. Salut Manu,

    Je reconnais assez peu ta démarche spirituelle habituelle dans ce billet. Tu pars du principe que l'Eglise de Pologne fonde son communiqué sur des a priori et des trouilles injustifiées. Je risque d'être un peu dur, mais ne t'es-tu pas demandé si ta réaction n'était pas celle d'un laïc français, de surcroit très urbain ? Et donc très éloigné des problématiques spirituelles que peut connaitre par exemple un certain monde rural, ou pourquoi pas certaines régions de Pologne (que je ne connais pas).

    Je vais te dire ce qu'il peut se passer à Halloween, juste du fait de "l'état d'esprit" de cette fête, et qui justifie à soit seul ce communiqué. C'est un moment de choix pour que les jeunes s'entrainent les uns les autres à se faire des soirée spiritisme, oui-ja, etc... Non ce n'est pas comme dans les films, des messes noires occultes. Ce sont des conneries d'adolescents, qui se mettent autour d'une table et s'amusent à faire bouger un verre. Et nous trouvons ça aussi inoffensif qu'une soirée porno entre potes... inoffensif, le porno ? inoffensif le oui-ja ? On trouve beaucoup de choses inoffensives, beaucoup trop, si tu veux mon avis. Et cela pose question sur notre rapport à la foi, je crois.

    Voilà mon point de vue, en toute amitié. J'ajoute qu'en matière d'occultisme, ça fait peut-être sourire à Paris, mais la sorcellerie toute simple est encore largement pratiquée dans nos campagnes, entre l'épluchage des patates et le séchage du linge, et qu'elle ne fait pas rire du tout non plus les prêtres qui y sont missionnés.

    Quant à Samain et Lavey, pour avoir fréquenté pas mal la jeunesse fascinée par l'occultisme, crois-moi, ce n'est pas à sous-estimer non plus. Si tu en veux une idée, pour ne donner qu'un seul exemple notoirement influent, tu peux lire le livre de Paulo Coelho, la sorcière de Portobello, qui témoigne de ce background occulte "gentil", mais néanmoins satanique par essence même s'il ne rend pas explicitement un culte à Satan. Je suis incapable de dénombrer le nombre de jeunes que j'ai connu s'initiant à la Wicca ou la magie druidique, par exemple. Et non, ce n'était pas juste pour fêter les récoltes.

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    1. Je sentais venir ce commentaire... :)

      "Je reconnais assez peu ta démarche spirituelle habituelle dans ce billet."

      Il s'agit pourtant de la même démarche que d'habitude: fonder mes jugements sur des faits avérés et des démonstrations recevables, et aux logiques bancales.

      "Tu pars du principe que l'Eglise de Pologne fonde son communiqué sur des a priori et des trouilles injustifiées. Je risque d'être un peu dur, mais ne t'es-tu pas demandé si ta réaction n'était pas celle d'un laïc français, de surcroit très urbain ? Et donc très éloigné des problématiques spirituelles que peut connaitre par exemple un certain monde rural, ou pourquoi pas certaines régions de Pologne (que je ne connais pas)."

      Je pense que tu inverses l'ordre de la démonstration. Ce n'est pas à moi d'aller deviner tous les bons arguments que l'auteur de l'article aurait pu dire mais qu'il n'a pas dit. C'était à lui de les dire.

      Au lieu de cela, il emploie une logique fallacieuse: ce n'est pas parce qu'Halloween est important pour les occultistes et les satanistes, qu'on peut en déduire que le satanisme et l'occultisme sont importants pour Halloween. Il prend la partie pour le tout, ce qui est un sophisme.

      Personne ne fonde un énoncé sur un argument aussi bancal, s'il dispose à côté d'éléments solide, à moins de ne pas savoir du tout écrire. J'en conclut donc à un très probable défaut d'information de l'auteur, probablement inspiré par des rumeurs et des ouies dire que sur une connaissance de première main de son dossier. Peut-être y a-t-il dans l'archidiocèse de Varsovie des personnes qui connaissent très bien ces questions, mais l'auteur aurait mieux fait, soit de les laisser rédiger, soit de leur faire valider son texte.

      En effet:

      - Soit il n'y a pas de corrélation significative entre la fête d'Halloween et la pratique de l'occultisme et/ou du satanisme, et dans ce cas c'est grave, parce que l'Eglise de Pologne publie un texte officiel qui est trompeur.

      - Soit il n'y en a bien une, et dans ce cas, c'est toujours grave, car en utilisant une logique manifestement sophistique, sur la base d'une information superficielle, l'auteur décédibilise la position de l'Eglise auprès de ceux-là mêmes qu'il entend convaincre.

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    2. "Je vais te dire ce qu'il peut se passer à Halloween, juste du fait de "l'état d'esprit" de cette fête, et qui justifie à soit seul ce communiqué. C'est un moment de choix pour que les jeunes s'entrainent les uns les autres à se faire des soirée spiritisme, oui-ja, etc... Non ce n'est pas comme dans les films, des messes noires occultes. Ce sont des conneries d'adolescents, qui se mettent autour d'une table et s'amusent à faire bouger un verre."

      Cet argument, qui est celui de la pente savonneuse, n'a là encore que l'apparence de la logique. Ce n'est pas parce que de telles choses peuvent se produire lors d'Halloween qu'elles s'y produisent nécessairement. Il ne suffit pas de construire des hypothèses sur la base de l'ambiance "magique" d'Halloween, mais il faut démontrer que celle-ci favorise de manière significative l'intérêt pour la magie "réelle", en s'appuyant sur des faits précis, des témoignages, des statistiques (augmentation des ventes liées à l'ésotérisme, etc.).

      "Et nous trouvons ça aussi inoffensif qu'une soirée porno entre potes... inoffensif, le porno ? inoffensif le oui-ja ? On trouve beaucoup de choses inoffensives, beaucoup trop, si tu veux mon avis. Et cela pose question sur notre rapport à la foi, je crois."

      Là encore, je ne trouve pas ta démonstration convaincante. En rapprochant une fête qui parait assez innocente (pour moi, Halloween, c'est se déguiser, distribuer des bonbons et regarder des films d'horreur) d'une activité qui contient des éléments objectivement mauvais (la soirée porno), sans justifier cette mise en regard, tu commets un amalgame (en toute bonne foi, j'en suis conscient).

      "Voilà mon point de vue, en toute amitié."

      Je le prends bien, et comme je l'ai déjà écrit, je m'y attendais. Toutes mes excuses d'être moi-même assez direct.

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    3. "J'ajoute qu'en matière d'occultisme, ça fait peut-être sourire à Paris, mais la sorcellerie toute simple est encore largement pratiquée dans nos campagnes, entre l'épluchage des patates et le séchage du linge, et qu'elle ne fait pas rire du tout non plus les prêtres qui y sont missionnés."

      Je n'en doute pas, mais quel rapport avec le succès d'Halloween en Pologne (que je suspecte, sans vraiment bien connaitre moi non plus, d'être plutôt urbain, puisqu'il ne s'agit pas d'une tradition locale, mais d'une fête importée pour des raisons commerciales)? Là encore, c'est à démontrer...

      "Quant à Samain et Lavey, pour avoir fréquenté pas mal la jeunesse fascinée par l'occultisme, crois-moi, ce n'est pas à sous-estimer non plus. "

      Je me souviens de ta théorie sur LaVey que tu avais développée sur mon autre blog. Je la respecte, et je reconnais que tu connais beaucoup mieux la question que moi. Je dois cependant dire qu'elle me laisse un peu sceptique, car elle me parait très spéculative. Par ailleurs, s'il est possible que LaVey ai développé une magie authentiquement nocive à partir du symbolisme de Samain, je doute cependant très fortement de ses compétences d'historien, et d'une filiation traditionnelle réelle entre sa pratique et la fête celtique d'origine. Ce n'est pas parce que celle-ci sert de référence commune à la fête d'Halloween et à l'occultisme anglo-saxon qu'elle prend une signification comparable dans les deux.

      "Si tu en veux une idée, pour ne donner qu'un seul exemple notoirement influent, tu peux lire le livre de Paulo Coelho, la sorcière de Portobello, qui témoigne de ce background occulte "gentil", mais néanmoins satanique par essence même s'il ne rend pas explicitement un culte à Satan. Je suis incapable de dénombrer le nombre de jeunes que j'ai connu s'initiant à la Wicca ou la magie druidique, par exemple. Et non, ce n'était pas juste pour fêter les récoltes."

      J'ai moi-même fait partie de ces jeunes fascinés par la Wicca et le satanisme, et je n'en garde pas du tout un bon souvenir.

      Et j'écris dans le billet ci-dessus:

      "Alors je sais bien que l'Eglise affirme l'existence personnelle du Diable, que des personnes ont eu leur santé mentale et leur vie réellement détruites par la pratique de l'occultisme... Peut-être y a-t-il un volet "sérieux" des cultes satanistes, derrière leur philosophie de comptoir et leur charlatanisme évident."

      Donc je ne crois pas qu'il entre en contradiction avec ce que tu écris. Je ne cherche pas à nier les risques liés à la pratique de l'occultisme. Je déplore la manière vague, abusivement généralisante et fallacieuse dont l'Eglise de Pologne les dénonce dans le communiqué que mon article commente. S'il s'agit d'une question sérieuse, autant la traiter sérieusement, et non par des allusions et des amalgames.

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    4. Pour conclure ce long commentaire, je voudrais ouvrir sur deux inquiétudes personnelles:

      - L'Eglise désire mettre en garde contre le satanisme. C'est très bien. Mais en insistant sur d'hypothétiques réseaux d'influence occultes et nystérieux, au lieu de se cantonner aux faits et de le démystifier, ne contribue-t-elle pas à son esthétique d'interdit et de mystère, qui est celà même qui le rend séduisant pour beaucoup de jeunes, moi inclus autrefois? Ne renforce-t-elle pas ce qu'elle prétend combattre?

      - La Pologne est l'un des pays les plus catholiques du monde, et la patrie de Jean-Paul 2. Rien à voir avec l'héritage laïc et anticlérical de la France. L'Eglise y bénéficie aussi de l'aura de pourfendeur du communisme. Pourtant, comme je le relevais dans un billet sur Inner Light (http://innerlightofblackmetal.wordpress.com/2012/03/30/les-groupes-de-black-metal-poursuivis-pour-blaspheme-en-pologne/) les jeunes commencent à vivre cette omniprésence de l'Eglise dans la vie publique comme une chappe de plomb, d'où le succès de groupe de black satanique comme Behemoth ou peut-être encore d'Halloween. D'où vient cette désaffection croissante? Peut-être en partie d'influences commerciales d'origine anglo saxonne ou autres, de la situation économique, des scandales sexuels qui ont apparemment bien ébranlé l'Eglise en Pologne, je n'en sais rien... Mais je pense que l'Eglise ne peut éviter de se poser au moins la question de savoir si certaines formes d'implantation de son institution, nécessaire en elle-même, ou de manières de transmettre son enseignement, pas seulement dans des pays où elle recule de puis longtemps, comme la France, ou ceux où elle a toujours été minoritaires, comme au PMO, mais aussi et peut-être dans ceux où elle semble très bien installée, n'obscurcit pas en partie ce témoignage du dépôt de la foi et de l'action de l'Esprit Saint qu'elle a à coeur de diffuser. Je n'en sais rien, je connais mal la Pologne, mais ce que j'en ai vu, tant dans mes recherches pour des articles sur Inner Light que dans le témoignage d'une collègue d'origine polonaise, qui me disait que l'Eglise était omniprésente, que les prêtres avaient un rayonnement social très élevé, rien à voir avec leur situation en France, mais que tout cela relevait beaucoup au fond d'une certaine conformité sociale (ainsi, les prêtres sont mis sur un piédestal, mais elle me disait que beaucoup vivaient discrètement des relations de couples au su de tous, sans que cela pose particulièrement question)...

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    5. Dans ma première réponse, à la place de "fonder mes jugements sur des faits avérés et des démonstrations recevables, et aux logiques bancales", lire: "fonder mes jugements sur des faits avérés et des démonstrations recevables, garder un oeil critique face aux affirmations allusives et aux logiques bancales"...

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  3. Bonsoir Manu,

    Je te remercie pour ta longue réponse. Quant à moi, je te demande d'avance pardon, mais je vais faire très bref.

    Quand tu dis "fonder mes jugements sur des faits avérés et des démonstrations recevables, garder un oeil critique face aux affirmations allusives et aux logiques bancales" et sur le fait que j'inverse l'ordre de la démonstration... Quand quelque chose vient de ma mère l'Eglise, non je ne pense pas que de considérer a priori qu'elle a raison et qu'il y a peut-être quelque chose qui m'échappe si j'ai l'assentiment difficile, ce soit inverser l'ordre de la démonstration. Ce n'est pas le communiqué d'un parti politique ou d'une asso quelconque. C'est l'Eglise, qui a autorité pour juger et à qui nous (ou du moins les Polonais, ainsi que tous ceux qui s'intéressent à ce que leur Eglise leur raconte) devons un assentiment A PRIORI. Ce qui n'empêche pas de demander des explications et d'approfondir A POSTERIORI. Mais l'ordre, il est bien dans ce sens-là.

    Voilà ce qui me semblait être acquis chez toi et que je ne reconnais ni dans ton billet, ni dans la réponse que tu me fais. C'est assez surprenant.

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    1. Merci de cette réponse franche, qui va à nouveau appeler de ma part un développement conséquent.
      Celui-ci attendra cependant lundi: comme tu l'as déjà peut-être lu sur ma page facebook, j'ai décidé de me sevrer d'internet pour le we de 4 jours qui m'attend.
      D'ici là, bonne fin de semaine! :-)

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    2. "C'est l'Eglise, qui a autorité pour juger et à qui nous (ou du moins les Polonais, ainsi que tous ceux qui s'intéressent à ce que leur Eglise leur raconte) devons un assentiment A PRIORI. Ce qui n'empêche pas de demander des explications et d'approfondir A POSTERIORI. Mais l'ordre, il est bien dans ce sens-là."

      Cet assentiment a priori vaut pour ce qui ressort du dépot de la foi. S'il est question de la condamnation de l'occultisme ou de la magie par l'Eglise, je suis d'accord qu'il s'applique, car il s'agit là d'une position de principe constante,dont on trouve de nombreux rappels tant dans la Bible que dans l'Histoire de l'Eglise.
      Tel ne me parait pas le cas de communiqué: il ne se borne pas à rappeler la position de l'Eglise sur l'occultisme, la magie, le satanisme... Il énonce un jugement de circonstance sur un évènement contemporain particulier, la fête d'Halloween, en déclarant que celle-ci "est le fruit de la propagation de la magie et de l'occultisme" et "invite à la pratique de l'occultisme". Il s'agit d'un jugement gratuit, qui n'est nullement étayé par des faits et une analyse de détail, et qui ne peut se déduire purement de l'enseignement de l'Eglise, car il ne se borne pas à rappeler une position de principe, mais prétend définir les causes et la réalité d'un évènement particulier, sans fournir aucun élément objectif sérieux pour justifier cette définition. Ce communiqué n'engage donc pas l'assentiment a priori de la foi, de même que lorsque le pape rappelle l'existence personnelle du diable, l'assentiment a priori est effectivement requis, mais que s'il déclare qu'Harry Potter est une oeuvre sataniste, cela demandera une démonstration a posteriori avant de pouvoir être accepté.

      "Voilà ce qui me semblait être acquis chez toi et que je ne reconnais ni dans ton billet, ni dans la réponse que tu me fais. C'est assez surprenant."

      J'ai donné des arguments pour justifier un point de vue en conscience. Je ne crois pas que faire semblant de trouver justifié un communiqué, alors que mon coeur, ma connaissance des faits, ma formation intellectuelle, tout me crie que son contenu est gratuit, mal argumenté et éloigné de la réalité soit de l'obéissance. Au contraire, je pense que pour les questions qui ne se rattachent pas directement aux principes de la foi, mais qui sont des interprétations contingentes de réalités particulières, il est bon pour l'Eglise que la contradiction puisse être apportée en son sein, à condition bien entendu d'être de bonne foi et argumentée en vérité et de manière précise.

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  4. Vlà t'y pas donc les deux protagonistes ayant échangés sur le sujet "satanisme" dans le rock sur Innerlight... J'tape l'incruste! :), mais je vais sans doute être un peu hors sujet :
    "Satan est-il parmi nous ? Cette question d’un autre âge vient de prendre une actualité inattendue en France. La Miviludes (Commission de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) évalue dans son dernier rapport annuel (1) le nombre de satanistes en France à 25 000, dont 80 % auraient moins de 21 ans. Une équipe réunie par le sociologue Olivier Bobineau en dénombre pour sa part… une centaine."
    Ayant rencontré le sieur Bobineau lors d'une table ronde en marge du HellFest, je dois avouer avoir été quelque peu gêné par l'attitude du personnage... Dire que le satanisme ne réunit que peu d'adeptes en France tout en arborant fièrement un tee-shirt AC/DC "Hightway to Hell" m'a laissé un impression mitigée... Ou devrais-je préciser : le non initié aux sciences "metal" risque de ne pas comprendre ce genre de comportement.
    Je crains fort que Monsieur Bobineau nous ai donné SA version du satanisme pour prétendre qu'il n'y avait qu'une centaine de satanistes "pur et durs" en France. Je crains fort qu'une telle vision soit par elle-même trop étriquée et de toute manière, ne correspond en rien avec la propre vision du satanisme vu par P.H. Guilmore : "nous sommes tous des satanistes qui nous ignorons!"
    Alors, oui, je rejoins complètement l'avis de Pneumatis, dans le cas de la Pologne, l'Eglise a apporté une mise en garde A PRIORI. Cela est d'autant plus sage qu'effectivement, me semble t'il, il n'y a pas qu'une seule vision du satanisme, mais bel et bien plusieurs.

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    1. Encore une intervention que j'attendais... (faut que pour le coup ça vient d'une invitation de ma part) :)

      "Dire que le satanisme ne réunit que peu d'adeptes en France tout en arborant fièrement un tee-shirt AC/DC "Hightway to Hell" m'a laissé un impression mitigée... "

      En même temps, voir un adepte du datanisme dans chaque métalleux qui porte un tee shirt d'AC/DC, ça ne me parait pas non plus particulièrement convaincant...

      "Je crains fort que Monsieur Bobineau nous ai donné SA version du satanisme pour prétendre qu'il n'y avait qu'une centaine de satanistes "pur et durs" en France. Je crains fort qu'une telle vision soit par elle-même trop étriquée et de toute manière, ne correspond en rien avec la propre vision du satanisme vu par P.H. Guilmore : "nous sommes tous des satanistes qui nous ignorons!""

      Personnellement, je souscris à la distinction que le collectif "Le satanisme: quel danger pour la société?", dirigé par Olivier Bobineau, opère entre "imaginaire satanique" et "satanisme cultuel", et cdéfinit comme un sataniste quelqu'un appartenant effectivement à un mouvement sataniste ou se réclamant d'une philosophie ou d'une croyance inspirée par leurs doctrines. Je dois dire que je rejoint complètement leur estimation d'une très faible présence du satanisme en France, qui correspond à ce que j'avais moi-même conclu quand je me passionnais pour cet univers, à la fin des années 1990.
      Au dela d'Halloween ou du communiqué de l'archidiocèse de Varsovie, je crois que la clé de notre désaccord, avec Pneumatis et toi, tient à ce que nous nous rattachons à des écoles d'interprétation antagonistes sur la question du satanisme. Vous suivez, me semble-til, celle qui insiste sur une forte croissance culturelle du satanisme, et sur une prise au sérieux du background "magique" de cette mouvance, qui est prédominante chez les antisectes et les catholiques intéressés par cette question. Peronnellement, je me rattache à celle, plus en faveur en milieu universitaire ou chez beaucoup de métalleux, qui considère le satanisme comme une ultra minorité divisée, empêtrée dans ses contradictions, en perte de vitesse, et la plupart de ses membres comme des affabulateurs.
      Je ne souhaite pas développer plus avant dans l'immédiat ce débat particulier, car ma connaissance du satanisme a besoin d'être rafraichie, vu le nombre d'années depuis lesquelles je n'ai plus étudié la question des cultes satanistes existants. Mais, le temps d'un travail de recherche plus sérieux, je me propose d'y revenir dans une série de billets sur Inner Light, d'ici mai-juin (probablement en trois parties: l'une historique, la seconde déterminant quelles données objectives nous permettent d'évaluer avec précisions l'étendue de ce phénomène, et la troisième concluant sur ce qui me parait être la juste attitude à avoir pour combattre efficacement ce courant).

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    2. "Alors, oui, je rejoins complètement l'avis de Pneumatis, dans le cas de la Pologne, l'Eglise a apporté une mise en garde A PRIORI."

      Non, il ne s'agit pas d'une mise en garde a priori. Si elle avait formulé les choses de la manière suivante:" Halloween est une fête qui pour beaucoup réprésente un simple temps de divertissement. Cependant il convient de discerner sur la présentation séduisante qu'elle peut faire par certains aspects de la magie ou de l'occultisme, qui peuvent séduire certains jeunes et les disposer favorablement à ces pratiques condamnées par l'Eglise", alors oui, ce serait une mise en garde a priori, et je n'y trouverais rien à redire.
      Mais là, c'est très différent. Elle donne un jugement déterminant sur cette fête prise globalement, en disant: "Halloween EST un fruit de la propagation de l'occultisme et de la magie3, sans que cela puisse se déduire de la pratique usuelle de cette fête, telle qu'elle nous est connue pas les médias, les voisins ou les proches qui la fête, les fictions populaires qui la représente, etc. et sans fournir aucun exemple ni aucune analyse un peu étayés. Ce qui d'un point de vue intellectuel, ne tient pas, et du point de vue de la prudence et d'un rapport nuancé et équilibré à la culture contemporaine, va beaucoup trop loin et de manière trop gratuite.

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  5. Bonsoir Manu,

    Désolé, je ne passe pas tous les jours, du coup je n'avais pas vu ta réponse.

    Dans la réponse que tu me fais, il me semble que tu confonds allègrement "obéissance" et "assentiment de l'intelligence/de la foi".

    Comme si l'obéissance ne s'appliquait qu'aux décrets soumis à l'infaillibilité. A se demander pourquoi les évêques ont, par la plénitude du sacerdoce qu'ils exercent, une autorité pastorale et juridictionnelle. En fait, ils en reçoivent sacramentellement le pouvoir, ils l'exercent, mais nous on s'en cogne. Ou on "obéit", mais que quand on "adhère" (on veut bien la passion, mais que si ça fait pas mal, hein). Ou comment le Seigneur, par son Eglise, institue des trucs totalement inutiles.

    Je m'excuse, mais tout ça me dépasse complètement. Je dois être bête, mais moi j'ai besoin que l'Eglise enseignante m'enseigne, et que ceux qui reçoivent le pouvoir de lier et délier sur la terre comme aux cieux, aient sur moi cette autorité dans leur jugement. J'ai toujours eu l'impression que c'était un peu ça que ça voulait dire, être disciple. Et puis être humble, aussi, d'ailleurs. En bref, quand ce qu'on ne comprend pas a priori est d'abord l'occasion d'apprendre quelque chose de nouveau.

    L'obéissance n'est pas un credo, c'est une kénose. Et c'est le premier des commandements. Le plus important, même. "S'chma Israel".

    Plus concrètement, de toi à moi, tu ne serais déjà pas légitime pour négocier telle condamnation d'un évêque dans la juridiction dont tu dépends, sur un sujet que tu connaitrais d'une longue expérience de terrain... alors discuter de celle des évêques de Pologne, à mille lieux de chez toi et dans une culture qui n'est pas la tienne, bof quoi.

    Et puis quand bien même tu serais capable intellectuellement de remettre en question leur jugement, tu m'expliques ce qu'il advient pour tous ceux qui n'ont pas les capacités intellectuelles de comprendre un raisonnement théologique complexe. Face à un problème pastoral très délicat, on commence à n'obéir qu'à Bac + 12 ? Bonjour l'anarchie.

    Prends l'exemple d'une apparition mariale... l'évêque examine le truc, fait même appel à des pointures de théologien, et arrive à la conclusion que c'est satanique. Il peut s'en expliquer, mais tu n'y comprendra rien si tu n'as pas bac + 12. Tu fais quoi ? Tu te dis que son argumentation c'est du pipeau, que ce qui se conçoit bien s'exprime clairement, et tu n'imagines même pas deux secondes la possibilité que tu puisses ne pas comprendre... il se plante, parce que ça ne t'arrange pas, point barre. C'est le raisonnement des intégristes, ou encore des adeptes de Medjugorje et autres tendances spirituelles à l'autoréférence.

    Voilà pourquoi il y a une différence entre l'adhésion et l'obéissance, Manu. Parce qu'en l'occurrence, notre intelligence est limitée, et qu'il n'est pas impossible, si l'on en croit l'évangile, que les successeurs des apôtres aient reçu le charisme de prononcer des jugements spirituels sur des événements temporels, qui à l'occasion nous dépassent.

    Et dans ce cas, en outre, je suis certain qu'ils se feront un plaisir de t'expliquer plus en détail, si tu leur demandes gentiment. Ca, expliquer, c'est dans leur rôle. Et écouter, c'est dans le notre.

    Fin du hors sujet, pour moi.

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    1. Je suis vraiment infiniment désolé d'avoir à te le dire, surtout compte tenu de tout ce que j'ai reçu de toi, mais je pense que tu es en train de te laisser aveugler par ton émotion.

      1) S'il est certain qu'un respect particulier leur est dû, y compris dans la contradiction, il est évident qu'ils ne connaissent pas tout, peuvent se tromper, en dehors des situations d'infaillibilité, et qu'eux mêmes n'exigent pas qu'on soit d'accord avec eux tout le temps, quelle que soit notre propre connaissance des faits et notre propre formation. Il leur arrive très fréquemment d'exprimer entre eux des désaccords: l'affaire Castellucci l'a bien montré l'an dernier. Il ne peuvent pas exiger de notre part ce qu'ils ne font pas eux-mêmes.

      2) La condamnation en elle-même porte sur la pratique de la magie et de l'occultisme. Je ne la "négocie" pas: je l'accepte tout à fait. Maintenant, le communiqué va effectivement plus loin, en disant qu'Halloween dans son principe-même INVITE à ces pratiques. Halloween, qui n'est pas un particularisme local de la Pologne, mais une fête importée d'origine anglo-saxonne qui existe aussi en France, a pour principe les déguisements, la collecte de bonbons, et les références au cinéma et à la littérature fantastiques. Peut-être que certaines dérives existent (à mon avis à la marge) et que certains en profitent pour pratiquer la magie. Et encore une fois, j'aurais tout à fait accepté une formulation du type: "Halloween peut-être l'occasion de pratiques occultistes. L'Eglise rappelle qu'elle condamne absolument ces dernières". Mais là, l'Eglise de Pologne ne se limite pas à transmettre un enseignement. Elle porte un jugement sur un évènement précis, Halloween, en disant qu'il a pour conséquence nécessaire l'occultsme. Ce qui est factuellement et vérifiablement faux. Je ne crois d'ailleurs pas que cette ondamnation soit lié en quoi que ce soit à un revival de la sorcelerie dans les campagnes. Si Halloween, encore une fois une f^te importée, avait eu cette conséquence, le communiqué l'aurait dit. Au lieu de cela, il cède la parole à LaVey, qu'il présente comme une sorte d'autorité en matière d'histoire d'Halloween, alors que suivant ses proches, suivant les membres de son église, suivant son propre aveux, c'était quelqu'un qui mentait très fréquement et prenait de grandes libertés avec la réalité historique pour construire et entretenir sa propre légende. Cela ne relève ni de l'enseignement, ni d'un discernement fondé sur des faits constatés et constatables, mais de la théorie du complot. Rien à voir non plus avec un problème théologique complexe, ou avec une quelconque tendance à l'autoréférence de ma part. Halloween est une fête connue de tous, et internationale. Le communiqué dit qu'elle est A. N'importe qui s'étant documenté sur elle constate qu'lle est B, avec A non déductible directement de B. Même un communiqué diocésain ne peut avoir raison contre les faits.

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    2. 3) Pour tout dire, je suis assez déçu moi-même de tes réponses sur ce billet, très en dessous de ton niveau habituel. Ton premier commentaire multipliait les raissonements fallacieux: argument de la pente glissante, amalgalme, hors sujet vide de sens sur la sorcellerie dans les campagnes. Ton deuxième commentaire appliquait à ce communiqué les exigences de l'infaillibilité, alors qu'il est évident qu'il portait sur un sujet qui sort du champ de celle-ci. Et ton troisième commentaire enchaine les procès d'intention voilés: "Je dois être bête, mais moi j'ai besoin que l'Eglise enseignante m'enseigne", "Et puis être humble, aussi, d'ailleurs", "L'obéissance n'est pas un credo, c'est une kénose", "tu ne serais déjà pas légitime pour négocier telle condamnation d'un évêque dans la juridiction dont tu dépends","Bonjour l'anarchie", sans rapport avec le sujet qui ne porte pas sur l'enseignement de l'Eglise, mais sur un évênement très factuel dont l'essence ne se déduit pas de celui-ci, et avec une pointe de condescendance: " je suis certain qu'ils se feront un plaisir de t'expliquer plus en détail, si tu leur demandes gentiment".

      A ce titre, ta comparaison avec la FSSPX et les franciscains de Medjugorje est un amalgalme tout à fait inacceptable et insultant. Les évêques de la FSSPX ont consciemment commis un acte entrainant une excommunication automatique, même si celle-ci a depuis été levée, et persistent à minimiser l'autorité d'un concile. Medjugorge fait la promotion d'une apparition non reconnue par l'Eglise. Ce sont des positions qui engagent effectivement la foi. Moi, je conteste juste l'information factuelle d'un communiqué. Ce n'est quand même pas être schismatique que que de dire que sur un fait précis extérieur à l'Eglise, l'information des évèques peut être insuffisante à l'occasion, et qu'il peut leur arriver de se tromper dans l'évaluation de la nature de celui-ci, et non dans les principes qui guident leur discernement à partir de cette évaluation. Ou alors l'Eglise n'est composée que de schismatiques, à commencer par les évèques eux-mêmes qui sont très fréquemment en désaccord entre eux sur les questions d'actualité.

      Tout ça pour dire que j'ai bien conscience que l'occultisme est une question très sensible et douloureuse pour toi, mais que j'ai sincèrement l'impression, j'en suis désolé, que tu ne m'opposes, depuis le début de ce débat, que des arguments dilatoires, pour ne pas avoir à reconnaitre que ce communiqué, ce simple communiqué, est un faux pas. Ce qui n'est pas une affaire d'Etat, j'en conviens tout à fait, et ne diminue en rien la légitimité en soi de l'Eglise de Pologne sur les questions de fois et de morale, mais me paraissait devoir être souligné, humblement, mais fermement.

      Je commence à être lassé de cette discussion qui tourne en rond, mais je serai heureux d'en rediscuter une autre fois avec toi, quand le temps aura fait son office et calmé les passions.

      Portes toi bien d'ici là...

      UDP,

      DM

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  6. Ah la difficulté de l'écrit dans l'expression des désaccords !

    Bon, je vais devoir faire un mea culpa, étant donné que mon dernier message fourmilles de maladresses qui t'ont trompé, semble-t-il sur mes intentions.

    D'abord, ne t'inquiète pas, non ce n'est pas un sujet sensible pour moi. J'accorde à la fête d'Halloween la même importance que le Noël païen, à savoir l'occasion d'engranger un max de chiffre d'affaire pour plein de gens, autour de traditions récupérées qui mélanges allègrement des trucs gentils et des trucs bien idolâtres à souhait.

    Ensuite, je m'excuse si je t'ai paru condescendant, ou faire des amalgames. Je ne voulais pas te comparer à un schismatique : par intégriste, je pensais à ces catholiques qui donnent des médailles ou des bonnets d'âne aux évêques en fonction de leur propre jugement. Et franchement pas sur des questions de foi, (c'est plutôt politique, généralement). Et je ne faisais pas d'amalgame avec toi, mais une "analogie" (qui présentes des similitudes et des différences) dans les modalités de ton discours, avec les modalités du leur.

    Je ne me laisse pas emporter, mais suis sans doute maladroit. Le sujet d'Halloween ne m'intéresse franchement pas, en revanche toi je t'apprécie beaucoup, il se trouve que je te lis, et là j'ai été très gêné de reconnaitre dans ton discours cette tendance à la "négociation" dans un cadre pastoral, que je ne te connaissais pas et qui m'a étonné venant de toi.

    Car non, il ne s'agit pas là d'un évêque qui dit s'il a aimé le dernier James Bond ou pas, c'est un jugement pastoral. En tant que tel, il requiert l'obéissance a priori, parce que c'est le principe même de la fonction pastorale. Bref, je ne vais pas tourner en rond, en effet. Mais il me semble en te répondant avoir apporté d'autres précisions/distinctions que j'ai eu l'impression que tu n'avais pas entendu (là encore, tu reviens avec l'infaillibilité, alors que je te parle très précisément d'autre chose - tout ceci me semble beaucoup trop binaire). Bref, c'est normalement bien codifié : les pasteurs ont pouvoir sur une juridiction, à laquelle tu n'appartiens pas dans ce cas précis. Ils ne donnent pas un jugement universel, mais parlent aux fidèles de Pologne en jugeant un événement qui se passe en Pologne et qui touche aux moeurs. Que je sache, tu n'as pas plus de précisions que moi sur comment se fête Halloween en Pologne.

    Pour Castellucci, justement, il se trouve que je me suis imposé l'obéissance à mon évêque de Nantes, quoiqu'il juge. Au jugement pastoral des autres, j'ai prêté une oreille attentive, mais ne me suis pas permis de les critiquer publiquement, si ma mémoire est bonne, afin de ne pas être source de scandale vis-à-vis de leur juridiction. J'ai toutefois envoyé quelques lettres privées ici ou là.

    En bref, ce qui m'est sensible, ce n'est pas l'occultisme ou Halloween, c'est cette propension dans l'univers des baptisés à s'affranchir très largement du voeu d'obéissance, aussi résolument que nous nous sommes affranchis du voeu de chasteté et de pauvreté (ils sont très loin derrière nous, ceux-là, surtout le dernier). Je trouve ça juste triste et m'y affronte souvent. Pas par légalisme, je ne suis ni zélote ni pharisien, mais la question de l'obéissance a un sens profond qui touche à la vie sacramentelle, et je ne la prends pas à la légère.

    Voilà, toi, je n'ai pas envie de t'affronter là-dessus : au départ, il me semblait que c'était juste un dérapage malencontreux. Mais tu assumes ton truc, alors je n'ai rien de plus à en dire. Je ne suis pas d'accord avec ta démarche, mais c'est ta démarche. Je ne vais surtout pas m'amuser à te faire penser autrement, hein. J'ai dit ce que j'avais à dire et levé les malentendus qui me semblaient peut-être devoir être levés. Ce n'était pas la peine, je te demande pardon. Ce sera tout.

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  7. Ah si un dernier petit truc... détrompe-toi pour la condescendance, au contraire. Dire que les évêques peuvent t'expliquer si tu leur demandes gentiment n'était pas condescendant de ma part : ça ne voulait pas dire que moi je n'avais pas besoin de me faire expliquer ces choses, mais comme le sujet ne m'intéresse pas plus que ça, non je n'ai pas de requête à ce niveau-là. Je te sais bien plus intelligent que moi, et suis certain que si un évêque t'explique en tête à tête les choses, tu comprendras bien mieux que je ne pourrais le faire. Par contre, oui je crois qu'un évêque dans son rôle et sa juridiction a, a priori, des choses à t'expliquer si tu trouves qu'il dit n'importe quoi, et que c'est plus facile en lui demandant gentiment. Mais ce n'est que mon humble avis. Pour les autres trucs de condescendance ou de sous-entendus, je te demande, si tu es d'accord, de relire mes messages en considérant qu'ils sont bienveillant a priori, et qu'ils ne prétendent pas émaner d'un "être supérieur". Ca doit normalement être possible, sans trop tordre ce que mes messages donnent à comprendre.

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